23/02/19 - Posséder une usine


I

Je sais bien que la brique rouge ça se fait plus de nos jours, c'est devenu un truc de bobo qui veulent retrouver la sensation d'un monde que le plastique et le béton ont balayés, le monde industriel premier. Ca nous fait penser à la gravure de Londres de Gustave Doré, avec ces rangées de maisons d'ouvriers.

M'enfin l'usine de nos jours c'est le nouveau château, un château pour bonhommes, c'est le patriarcat, c'est le paternalisme. On construit un domaine, tout calculé, tout mesuré, pour rentrer dans les objectifs comptables, les normes, et le code du travail.


Je pense que ça doit être satisfaisant de posséder un capital de plusieurs millions, en machines qui produisent des biens consommés par des gens. On doit avoir un sentiment de maitrise, on doit se sentir indispensable.

Les gens parlent de nous, nous parlons des gens, la loi, on peut s'en foutre tant qu'on a le soutient d'un réseau d'employés actifs ou employés potentiels. On a le droit d'user l'employé, le pousser à bout, pour s'assurer qu'il n'aille pas gonfler les rangs de la concurrence. C'est un grand jeu de société.

On peut éxternaliser les fonction harcèlement, menaces de mort de l'entreprise, qui ne sont bien sûr pas incluses dans l'activité pour des raisons légales. On peut avoir des postes grassement rémunérés dans l'administration.


Le plaisir du travail à l'usine éxistait avant, j'en suis sûr. C'était difficile mais il y avait la satisfaction de manipuler des objets complexes, avec des matériaux propres à l'industrie, dans des cadres très thématiques. Mais puisque tout est passé à l'inox et au plastique, j'ai du mal à croire qu'on puisse encore prendre du plaisir à travailler à l'usine.

Dans des ateliers de PME il y a encore cette atmosphère fraiche, particulière, calme, mais dans les plus grosses entreprises on infiltre des éléments perturbateurs pour casser l'employé qui y entre, pour qu'il soit en arrêt maladie, ou en recherche d'emploi infructueuse, ou autre. C'est un genre d'HP sauvage improvisé par le milieu des mafias beauf.

Après, quand on parle de politique, faut pas s'étonner que je trouve ça divertissant, parce que c'est fondamentalement hors des réalités. Moi c'était ça que j'aimais bien dans la politique, c'était l'aptitude qu'ils ont à parler sans arrêt pendant des années, pour faire comme si ils avaient les moyens de faire jouer dans les règles l'industrie, d'y éviter les complots, les mafias, leurs injustes condamnations par des tribunaux improvisés.

Posséder une usine c'est se garantir un pouvoir de surplomb sur l'anarchie criminelle ambiante.


II

Un mois que j'ai changé de taule. Je suis plutôt contant, parce que c'est beaucoup plus calme que Guy II A. Même si tout l'intérieur a été aménagé de telle sorte que ça ressemble à un lieu dans lequel je devais apparement finir de longue date.

Ils ont voulu faire le coup du : "on sait l'avenir avant toi, laisse toi faire, ne te rebèle surtout pas".

Sauf que résultat des courses, la voisine n'arrête pas de baiser, le voisin frotte sa chaise sur le sol dès qu'il éstime que je fais un truc qui ne lui revient pas, la salle de bain sent très fort, et je me réveille parfois dans une atmosphère d'urine. Je suis désolé mais c'est quand-même pas le grand luxe.

A mon âge je suis sensé être dans un appart, avoir un gosse, voir deux, alors le coup du "on connait l'avenir", il faudrait l'oublier pour redescendre sur terre et se dire que si c'est ça l'avenir, ben j'aurais plutôt raison de ne pas me laisser faire.

Tout est incomplet. Le studio est un grand vide, remplit vite fait avec des meubles que je n'aurais jamais choisit pour moi.

Ils ont faits des traces de doigts en haut sur le mur, pour dire qu'il s'agit de maximes, urinés partout pour dire femme fontaine, giclé dans le siphon de la baignoire pour laisser la trace de sperme d'un rapport sexuel, gravés des croix sur la boite aux lettres, brûlé un truc, faits des impactes sur les murs, cassés les loquets des volets, tâchés le bas des toilettes avec du jaune, répandus de la poudre rouge dans les coins et recoins.

De ce que j'ai pû observé, je n'ai aucun avis. Je ne crois en rien. Sauf aux traces et aux odeurs, qui sont réelles, mais pas aux causes. Je ne sais pas qui a fait ça, ni pourquoi il a fait ça. Et je m'en moque bien puisque je ne pense pas avoir été la cible de ces bassesses, de par le fait que je n'ai rien à me reprocher.

Je mets ça sur le compte de délires pornographiques contemporains dans des esprits dérangés. Je rangerai ça dans le domaine psychiatrique parce que sérieusement nuisibles pour le bien-être du voisinage, des locataires qui arrivent après, des propriétaires, des usagers de l'étage, etc.

Pour moi c'est un manque de savoir vivre. C'est un irrespect gratuit comme on en voit plein. J'ai moi-même été dans des groupes qui comettaient des actes d'irrespects gratuits, je sais de quoi je parle. Je rangerais ça dans la catégorie des actes de haine anti-chrétiens.

III

C'est marrant, on m'a toujours dit de ne pas faire attention aux autres, de m'en foutre, de m'occuper que de moi, que les gens se foutent de mon éxistance, qu'ils vivent leur vie, et depuis 2014 c'est éxactement l'inverse de ce qu'on me disait qui se passe.

Comme quoi j'ai tout le temps raison depuis toujours. C'est fatiguant.

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